Mobilisation populaire et croissante des Palestiniens de 48
CIREPAL 21 février 2010
Ce vendredi, sous le patronage du haut comité de suivi des masses arabes en Palestine 48 (partie de la Palestine occupée en 1948 appelée Israël), les forces nationales politiques et le comité populaire local ont organisé un rassemblement dans le village de Qalanswa, dans la région du Triangle, au centre du pays. Ce rassemblement s’inscrit dans la campagne lancée il y a quelques semaines par le comité populaire de défense des libertés, issu du Haut comité de suivi des masses arabes, campagne de mobilisation pour « le défi et le maintien ». Les deux premiers rassemblements ont eu lieu au Naqab (Lqiyé) le 5 février dernier et en Galilée (Sakhnine) une semaine plus tard, soit trois rassemblements jusque là, l’un au sud, l’autre au nord et le troisième dans le centre.
Ces trois rassemblements seront suivis, unitairement, par trois autres rassemblements nationaux, l’un à Nazareth, le second à Yafa et le troisième à Umm al-Fahem, dans le but d’accroître la mobilisation et de faire entendre la voix des Palestiniens de 48.
La campagne « du défi et du maintien » menée par les Palestiniens de 48, entièrement ignorée par les médias internationaux et même arabes, est une réponse à la politique sioniste de déracinement, de destruction des maisons, de la confiscation des terres et des poursuites politiques en Palestine 48 et dans al-Quds, qui s’est accentuée après la guerre meurtrière contre la bande de Gaza.
En effet, depuis ce moment qui a assisté à des arrestations en grand nombre de Palestiniens de l’intérieur, notamment des jeunes, et à une répression accrue de toute expression autonome, les autorités sionistes mènent une course contre la montre pour voler le maximum des terres encore non confisquées, pour démolir le maximum de maisons dans toutes les régions ayant gardé leur caractère arabe, et la construction de colonies sur tout lieu pouvant empêcher les zones palestiniennes d’être une continuité démographique.
Les autorités sionistes se sont lancées dans un vaste processus d’épuration ethnique des régions arabes de la Palestine occupée en 48, et notamment en Galilée et dans le Naqab, avec la bénédiction implicite et tacide de la communauté internationale, qui considère cet état de fait comme justifié dans le cadre de la reconnaissance de la judaïté de l’Etat sioniste d’Israël.
Epuration ethnico-religieuse : les menaces se précisent
Le 10 février dernier, les autorités israéliennes avaient dépêché d’importantes forces de police et de « patrouilles vertes » pour raser les terres cultivées d’al-Araqib, dépendant du village Rahat, dans le Naqab. Les policiers ont également tiré sur la population qui a résisté, blessant deux personnes. La population de Rahat craint que les terres rasées ne soient confisquées au profit de la zone métropolitaine de Beer al-Saba (Beersheva) que les pouvoirs sionistes sont en train d’élargir pour englober toutes les terres du Naqab, dans le but d’y installer des colonies individuelles et collectives.
Poursuivant ses provocations par ses lois racistes et discriminatoires, le chef du gouvernement sioniste a proposé une loi accordant des lopins de terre gratuits aux soldats israéliens qui rejoignent les forces de combat, terres situées en Galilée et dans le Naqab. Cette loi va dans le sens de la judaïsation de la Palestine occupée en 48 au détriment du peuple palestinien. Simultanément, la Knesset a voté une loi interdisant au « département des terres d’Israël » (organisme sioniste qui a mis la main sur les terres palestiniennes depuis 48) de rendre aux Palestiniens les terres confisquées, même si depuis, elles n’ont pas été utilisées par l’Etat. Ce qui signifie que les terres confisquées depuis 48 et surtout dans les années 50, pour raison d’Etat, comme ils disaient, et qui sont restées sans utilisation, ne peuvent être rendues à leurs propriétaires.
Au mois de janvier dernier, la population du village de Ara, dans le Triangle, a protesté contre le plan d’installer une colonie sur ses terres confisquées, colonie devant être réservée aux colons extrémistes, selon le plan israélien. En effet, le gouvernement sioniste a l’intention d’installer trois colonies d’extrémistes, comme ceux qui sévissent à Akka, dans le nord, pour les placer face aux Palestiniens de 48, une dans le Triangle, à Ara, une dans le sud du pays, dans le Naqab et une à Ayn Mahel, dans le nord.
Toujours au mois de janvier, la population de Lid, soutenue par les Palestiniens venus de Galilée ou du centre, ont protesté, dans une manifestation massive contre les démolitions de maisons palestiniennes dans la ville et la poursuite de l’épuration ethnico-religieuse.
Non seulement la population palestinienne est menacée, dans la continuité de la Nakba, mais même les lieux historiques palestiniens, des lieux qui portent la mémoire d’un peuple qui vit sur cette terre depuis des millénaires, sans discontinuité , risque d’être effacée. En effet, le pouvoir colonialiste sioniste a décidé un plan quiquennal de judaïsation des lieux historiques palestiniens dans le but de rapprocher les communautés juives dans le monde du « patrimoine historique et sioniste en Israël » (voir arabs48.com du 15/2/2010). De plus, ce dimanche 21 février, pour satisfaire les colons de Shaas, le gouvernement a décidé d’ajouter deux sites en Cisjordanie, dans ces « lieux juifs », la mosquée al-ibrahimi d’al-Khalil et ce qu’ils appelent « le tombeau de Rachel », près de Bethlehem. Ce plan financé de 500 millions de dollars a été évoqué par Netanyahou au congrès Herzelia « pour la défense » tenu récemment.
Répression coloniale
Les autorités sionistes ont accru leur répression sur les Palestiniens de 48 et notamment sur les membres de leur direction politique. Sheikh Raed Salah a été condamné à dix mois de prison pour avoir protesté contre les travaux de destruction de l’entrée de la porte al-Bouraq, à la mosquée al-Aqsa. Jamal Zahalka, député à la Knesset, a reçu des menaces pour avoir affirmé que les dirigeants qui ont ordonné et mené la guerre meurtrière contre Gaza, en 2009, sont des criminels de guerre. Le journaliste Zuhayr Andraos, correspondant d’al-Quds al-Arabi et autres quotidiens et revues, a été convoqué par les services de renseignement, et par la police « pour incitation à la haine et appel à la violence » contre la colonisation et l’occupation.
Deux autres députés arabes, Sa’id Naffa’ et Mohammad Baraké, sont menacés de paraître devant la « justice » et de perdre leurs immunités parlementaires pour des déclarations faites ou pour avoir rencontrer de Palestiniens ou autres Arabes. C’est l’interdiction de la liaison entre Arabes que les sionistes veulent interdire, préférant que ces liens entre Arabes aillent dans le sens de la normalisation avec l’occupant, et sous leur patronage.
Pour les Palestiniens de 48, et leur direction politique, il ne fait aucun doute que toute poursuite qui les vise n’est qu’une poursuite politique concoctée par les services de la Shabak (services de renseignements intérieurs). Depuis que ce service a considéré les Palestiniens de l’intérieur comme une menace stratégique, c’est la répression coloniale qui sévit contre leur expression et leur mouvement. C’est pourquoi Les Palestiniens de 48 s’opposent à toutes ces mesures et prennent la décision de défier les autorités sionistes.
Contre la destruction de leurs maisons, contre leur expulsion et les confiscations de leur terre et de leurs terres, contre les lois racistes et discriminatoires et la répression policière et du Shabak, qui les vise et vise le démantèlement de leur direction politique, contre l’épuration ethnico-religieuse en cours, les Palestiniens de 48 se mobilisent. Trois rassemblements dans trois lieux, du sud au nord du pays, qui seront suivis de trois autres, dans les semaines qui viennent, pour parcourir le pays et se rassembler face aux sionistes.
L’unité populaire des Palestiniens de 48, comme le montrent ces rassemblements, où sont présentes toutes les forces politiques palestiniennes de l’intérieur, est un exemple pour le reste du peuple palestinien. C’est dans la lutte contre l’Etat sioniste que les Palestiniens peuvent s’unir, malgré les divisions idéologiques et politiques qui les traversent.
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